Hallucinant !

« La démocratie participative est en réalité une forme d’aveu, ou en tout cas un mensonge » (Franck LEPAGE)




Le 10 mars 2015 se réunissait le Conseil du quartier Paul Signac/Murs à pêches, en présence « d’une trentaine d’habitants et représentants associatifs, incluant le collectif d’animation du conseil de quartier , un groupe de jeunes accompagnés par le service Rues et Cités impliqués dans le projet « espace d’entente de la rue Saint-Antoine » et Céline Nachef, chef de service éducatif de Rues et Cités, Romain Minod, architecte, membre de l’association Collectif 14, encadrant des étudiants en licence pro « éco-construction» de l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI) impliqués dans le même projet. Pour la Ville : Élues : Riva Gherchanoc. Claire Compain excusée. Carmeline Cosenza de la Direction des Solidarités et de la Coopération, Abdelkader Guerroudj et Amandine Vermeersch de l’antenne de quartier Lenain de Tillemont ».

Parmi les participants, deux adhérents de Rêve de Terre, venus à titre individuel, c’est-à-dire non mandatés par notre association.

Entre autres points à l’ordre du jour figure un projet d’aménagement de proximité (et le vote de l’enveloppe participative correspondante) prévu sur la parcelle de Rêve de Terre.

Extraits choisis :

Le compte-rendu de réunion indique que trois habitants/acteurs du quartier (Fabrice Berthereau, Luigi Brion, Céline Nachef, chef de service éducatif de l’association Rues et Cités) viennent présenter le projet sur lequel ont travaillé durant plusieurs mois des habitants, des jeunes du quartier, l’association Rues et Cités, 18 étudiants accompagnés par Collectif 14 et Liliana Motta, avec l’antenne de quartier.


Précisons que depuis cette réunion (dont nous n’avons jamais reçu le compte-rendu), notre association n’a jamais été formellement contactée pour participer au projet. Lequel, qui se proclame participatif, ne prend pas la peine d’impliquer l’association qui gère depuis trois ans et demi la parcelle en question par convention avec la municipalité !

Selon ce fameux compte-rendu, L’association Rêve de Terre a donné un accord de principe pour le partage de cet espace, qui serait aménagé à l’entrée de la parcelle, sur 8 mètres de profondeur, avec une table de ping-pong et du mobilier urbain (bancs, chaises, table).

Le fait que les deux adhérents présents ont trouvé l’idée plutôt bonne a semble-t-il donné des ailes à nos aménageurs impénitents, qui, sur le papier, ont dans un premier temps la prudence de noter que : La conception de l’espace situé sur la parcelle de Rêve de Terre doit être faite en lien avec cette association qui a une fine connaissance de ce patrimoine boisé. Le classement de la parcelle au PLU (espace boisé classé avec espèces remarquables) requiert d’ailleurs une déclaration préalable pour que le projet puisse être aménagé.

Notons à ce stade que la précédente municipalité, nous ayant précisé que tout déboisement était expressément prohibé dans un Espace Boisé Classé, la transformation en mini-square d’une partie de cet espace frise l’illégalité…

Le statut de ces espaces : la participation des habitants, l’implication des usagers seront le gage de leur bonne intégration dans le territoire. On pourrait envisager un mécanisme de cogestion. Il y a donc un fort enjeu de communication pour accompagner la réalisation et assurer la pérennité de ces lieux. Il conviendra d’être extrêmement clair sur l’articulation  des responsabilités et qu’un règlement soit élaboré dans cet esprit.

Le porteur du projet : le Collectif 14, association constituée d’architectes qui s’engagent à développer une approche de co-construction intégrant la participation des habitants...

Voilà donc affirmée quatre fois dans le même texte, une bonne volonté participative, qui n’a que seule contradiction de passer par-dessus notre association, laquelle n’a jamais été impliquée dans ce processus !

Le projet est mis au vote. Sur les 31 votants (hors représentants de la Ville), 26 se prononcent pour, 5 s’abstiennent. Le projet est adopté.

Le 11 mai 2015, soit deux mois (toujours sans nouvelles) après le Conseil de quartier, un courriel de l’antenne de quartier est envoyé à notre co-présidente, Anne (sur une adresse personnelle), qu’elle n’aura pas l’occasion de lire, perdu dans les spam de son ordinateur…

Le 19 mai, l’association reçoit enfin un courriel (et un message sur mon portable personnel) nous demandant de venir signer un avenant à la convention qui nous lie à la Ville, présentant la chose comme une formalité, et expliquant au passage quedes membres de Rêve de Terre ayant donné leur accord, les travaux commençaient cette semaine

Le 21 mai, nous signons donc un avenant qui a le mérite d’être clair (sur les responsabilités), car ne portant que sur la question d’une réduction de la parcelle de 100m2, ce qui au passage semble plus grand que l’espace de 8 mètres de profondeur voté au Conseil de quartier. Cet espace, donnant sur la rue Saint-Antoine sur toute la largeur de la parcelle,  bien que situé dans la partie la plus ensoleillée de ce morceau de terrain, ne remet pas en cause nos cultures (quelques buttes et arbres fruitiers) ni l’aménagement qui se situent au-delà.

Dans la foulée, il nous est expliqué que, non seulement les travaux ont commencé, mais que les ouvriers ont par erreur dégagé le terrain au bulldozer au-delà de la zone indiquée, jusqu’au premier mur de refend.

Nous sommes tellement ébahis, que nous ne trouvons pas mieux que de sauver les meubles en demandant de l’aide (matérielle et humaine) pour y refaire pousser quelque chose…

Après la réunion, Anne et moi passons voir la parcelle : en effet, tout a été rasé jusqu’au mur du fond. Pas un brin d’herbe, y compris près des murs. Une surface de terre nue. Plus de trois années de travail dévastées, le vieux pommier, le cognassier, la lasagne de compost, les trois buttes permacoles en triskell, les plantations expérimentales dans le bosquet, et bien sûr le cabanon que nous avons tenté à plusieurs reprises de remettre en état, tout a disparu…

Même le mur du fond, déjà en partie écroulé sous les épreuves du temps et surtout les briques de futurs bénéficiaires de l’imminent « espace d’entente de la rue Saint-Antoine », s’est encore plus écroulé à cause du passage du bulldozer…

Peter B., encore sous le choc…